La leçon politique qu'il faut tirer de cette réforme des retraites est limpide : la radicalité des manifestations appelle à des refontes radicales. Le gouvernement l'a admis, qui évoque le lancement d'une réflexion sur des retraites par « points », « à la suédoise ». Datant de 1945, le système social français craque de partout. Dès que l'on déplace un peu un de ses membres, l'ensemble du vieux corps bouge, souffre et s'enflamme. La gravité de la crise tient à ce qu'il ne s'agit pas seulement d'une défense archaïque d'avantages acquis et de corporatismes. Il s'agit de cela, mais aussi de beaucoup plus.
La France est une société de rangs, devenus à la Révolution des statuts. Chacun d'eux offrait un métier avec, associée, une dignité. Comme la mondialisation a recomposé le système productif, le découpant en petits bouts, brisant les filières d'hier, délocalisant, désindustrialisant, comme la technologie a défeuillé les arbres des savoirs, tous les métiers d'hier ont changé, beaucoup ont disparu. Des statuts, demeurent les corporatismes qu'on dénonce, mais aussi une dignité disparue qu'on déplore. D'où la difficulté des réformes qui touchent le métier, mais aussi la valeur symbolique qui lui est attachée. D'où la radicalité de la rue. Il est temps d'une refonte complète, d'un nouveau compromis social, de ce que Philippe Herzog (1) nomme « redéfinir une vie collective ». L'ancien professeur d'économie marxiste, qui a rompu avec le Parti communiste et est devenu un ardent défenseur de l'Union, actuellement président-fondateur de l'association Confrontations Europe, propose dans un livre dense et riche des pistes sur ce qui peut encore nous unir dans la mondialisation. Il va au fond du débat sur les valeurs françaises et européennes.
http://www.lesechos.fr/opinions/chroniques/020878646793-le-temps-des-reformes-radicales.htm
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